Choisissez des Artisans RGE dès cet été !

A compter du 1er septembre 2014, seuls les professionnels qualifiés RGE correspondant à leur activité pourront faire bénéficier leurs clients de l'éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ) pour les logements individuels et les copropriétés, ont confirmé les ministres dans un communiqué commun.

Eco-PTZ : simplification des procédures bancaires

Annoncé le 18 juin par Mme Royal, lors de la présentation du projet de loi sur la transition énergétique, le gouvernement veut faciliter la distribution des Eco-PTZ, en simplifiant les procédures bancaires afin de passer de 30.000 à 100.000 prêts distribués par an. Jusque-là, les banques devaient assumer la responsabilité de la conformité des travaux, sans disposer forcément des compétences techniques pour le faire. De ce fait, elles se montraient frileuses pour délivrer les Eco-PTZ. Le gouvernement a introduit dans le projet de loi de finances rectificatif 2014 un amendement visant à organiser le transfert de cette responsabilité vers les professionnels RGE. La loi de finances pour 2014 plafonne à 30.000 euros les prêts de l'Eco-PTZ, remboursables entre 10 et 15 ans.

A partir du 1er janvier 2015, les particuliers devront également faire appel à des professionnels qualifiés RGE pour bénéficier du crédit d'impôt développement durable (CIDD). Du 1er septembre 2014 au 31 décembre 2015, un allégement fiscal pour les ménages réalisant des travaux de rénovation sera fixé à un taux unique de 30%, dans la limite de 8.000 euros pour une personne seule et 16.000 euros pour un couple.

Les ménages engageant un projet de travaux d'économies d'énergie "sont donc invités à choisir des professionnels RGE dès cet été".

L'objectif visait à atteindre 30.000 entreprises RGE au 1erjuillet 2014, pour 500.000 rénovations par an. Ségolène Royal et Sylvia Pinel ont signé le 30 avril dernier une convention avec le dispositif de formation des professionnels aux économies d'énergie dans le bâtiment (FEE Bat). Cet engagement vise à former 25.000 professionnels par an.

Les travaux éligibles aux aides

Les travaux éligibles à l'Eco-PTZ et au CIDD sont l'isolation thermique des toitures, des murs, des parois vitrées et portes, l'installation ou le remplacement de systèmes de chauffage, ou de production d'eau chaude. 
 

Préférez un Audit énergétique au DPE !

Dans une enquête parue il y a quelques jours, le magazine 60 millions de consommateurs épingle, une nouvelle fois, les diagnostiqueurs de performance énergétique, dénonçant la "piètre qualité" des DPE qu'ils réalisent. En 2009, une première étude avait en effet conclu à un constat comparable. Mais depuis, la réforme du DPE est entrée en vigueur (juin 2013), conduisant à améliorer le dispositif via des formations mieux adaptées, un agrément des logiciels de calculs ou encore l'intégration d'une fiche technique du bien… 

"Où est cette fiche technique, qui doit être obligatoirement annexée au DPE?", s'interroge Bruno Dumont Saint-Priest, délégué général de la Fédération Interprofessionnelle du Diagnostic Immobilier (Fidi). Il semble que 60 millions de consommateurs n'ait pas transmis ces annexes. "Les éléments qui participent à la transparence n'ont pas été utilisés par les enquêteurs", déplore-t-il. De même, "quid de l'expert dont les résultats servent de référence", ajoute-t-il. Un point qui fait aussi bondir la Chambre des Diagnostiqueurs immobiliers de la Fnaim : "Il n'existe pas de statut d'expert dans ce domaine au titre de la réglementation". En effet, "chaque logement a au préalable été soigneusement évalué par un expert", indique la revue. "Notre groupe de travail s'interroge que la qualité autoproclamée d'expert pour le référent de 60 millions de consommateurs (…)", martèle la CDI.

Compétence et outils remis en cause

60 millions de consommateurs a ainsi soumis cinq logements*, répartis dans plusieurs régions de France, à huit diagnostiqueurs. Résultats : disparités dans les prix, désaccord sur l'étiquette attribuée, recommandations irréalisables, professionnels qui ne se rendent pas aux rendez-vous… "Face à la persistance de telles carences, l'INC demande que de véritables compétences professionnelles soient exigées des diagnostiqueurs, et que leurs outils soient normalisées afin de garantir une interprétation homogène des données".

Au sujet de la compétence des professionnels, la Fidi est perplexe. "N'est-elle pas caduque alors que le consommateur se tourne bien souvent vers la solution du 'moins cher'. Le fait que, comme le rappelle 60 millions de consommateurs, le DPE est devenu un véritable critère de choix d'un logement et, à ce titre, a un impact sur la fixation de son prix, nous l'avons d'ores et déjà dénoncé en son temps. Reste que le plan de fiabilisation adopté il y a quelques années n'est toujours pas suffisant. La profession est relativement encadrée, certifiée et contrôlée. Mais ce sont des exigences qui ont pris le pas sur l'aspect commercial qui ne bénéficie pas aujourd'hui de moyens à la hauteur". De son côté, la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim ne nie pas les cas d'incompétence, "comme dans toute profession", et insiste sur la formation et l'information prodiguée aux professionnels dans le cadre de ses activités. 

Règles de base à respecter

Toutefois, les deux fédérations rejoignent l'avis du magazine de l'INC quant aux outils et méthodes utilisés. La Fidi dénonce ainsi l'utilisation de plusieurs logiciels, "source d'erreur potentielle", souligne Bruno Dumont Saint-Priest. "Aboutir à une seule méthode de calcul (méthode conventionnelle*) quel que soit l'âge du bien permettra de faciliter la compréhension du DPE", renchérit la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim. 

"Encore une fois, c'est la crédibilité de la profession qui est pointée du doigt", se lamente Bruno Dumont Saint-Priest. Qui regrette, comme la Fnaim, qu'il n'y ait pas eu de concertation et de dialogue en amont de cette enquête. Conscients que la profession "peut mieux faire", les professionnels auraient souhaité que les règles de base du dispositif n'aient pas été oubliées…

Proposer une offre globale aux particuliers !

L'objectif gouvernemental de rénover 500.000 logements par an à l'horizon 2017 est réitéré dans le texte présenté le 18 juin dernier, alors qu'en 2013 seulement 160.000 logements ont été rénovés, 60.000 dans le privé et 100.000 dans le parc social. Les constructions performantes seront encouragées. Le texte introduit également une obligation d'améliorer la performance énergétique lors de travaux de rénovation lourds (ravalement de façade, réfection de toiture, aménagement de nouvelles pièces d'habitation). De même, les entreprises de qualité "Reconnus Grenelle de l'environnement" (RGE) devront endosser la responsabilité de la conformité des travaux dans le cadre de l'éco-conditionnalité des aides à la rénovation (éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ) en septembre 2014, crédit d'impôt développement durable (CIDD) en janvier 2015…).

"La réussite de ces enjeux de transition énergétique pour le secteur du bâtiment suppose que la filière du bâtiment et de l'immobilier soit structurée et en capacité de répondre à ces objectifs", indique le groupe de travail. "Au vu des défis que doit relever la filière construction, les acteurs de cette chaîne vont être amenés à davantage coopérer afin de mieux repenser leurs produits, leurs interventions et leurs modalités d'organisation", ajoute-t-il.

Il s'agit de développer la pratique des groupements d'entreprises, préconisent les rapporteures. Le leader du groupement aurait un "rôle déterminant dans la bonne marche de l'action collective" : véritable relais d'information entre l'entreprise, lamaîtrise d'oeuvre et le client, aide au calage des plannings, vérification de la cohérence des devis entre eux. Afin d'encourager la mise en place de groupements, elles proposent de capitaliser sur les expériences existantes dans les territoires à travers la mise en place d'un observatoire des bonnes pratiques.

Le groupe de travail recommande également de renforcer la reconnaissance RGE des groupements lancés, selon deux modèles. Soit sur le modèle de la qualification 8632 "Efficacité énergétique, offre globale" ducertificateur Qualibat s'il existe un référent technique (coopératives,…). Soit l'ensemble des entreprises adhérentes est RGE (groupement d'intérêt économique (GIE), associations, …). "Ces deux modèles sont encore peu connus et peu utilisés. Il conviendrait dans un premier temps de les promouvoir auprès des entreprises, des maîtres d'oeuvre et de la maîtrise d'ouvrage et dans un second temps de les évaluer afin de les améliorer", précisent les rapporteures. La qualification spécifique d'une entreprise adhérente (Qualibois, Pros de la Performance Energétique, Qualipac, Eco Artisan,…) d'un groupement permanent pourrait bénéficier au groupement. Ainsi, ce dernier pourrait être porteur de plusieurs qualifications RGE, comme c'est le cas pour une entreprise multi-qualifiée RGE, selon elles.

"Dans un contexte où il existe aujourd'hui une disparité de certificats attestant la conformité RGE", le groupe de travail appelle également à définir et mettre en place un "certificat numérique RGE harmonisé"permettant de rendre lisible par la maîtrise d'ouvrage et les prescripteurs "non familiers du monde du bâtiment" le contenu de la mention RGE "par une présentation de ses exigences qui soit commune" à toutes les marques de qualification et de certification (Eco Artisan, Les Pros de la performance énergétique, les qualifications mention efficacité énergétique : Qualibat, Qualifelec, Quali'EnR, Certibat).

Ce certificat numérique RGE devrait s'appuyer sur les données émises par les organismes de qualification qui le délivrent. Il indiquerait également les actions de performance énergétique auxquelles il se rattache. Cette démarche permettrait également de sécuriser le contenu de ce certificat "pour lui assurer toute sa crédibilité et éviter ainsi les fraudes et contrefaçons".

Reste à lever l'insécurité juridique liée à ces groupements et développer des outils numériques de formation. Il s'agit d'abord de prévoir un régime juridique "protecteur" en cas de contrats de cotraitance (exclusion de solidarité envers le maître de l'ouvrage,  mission du mandataire commun limitée à une mission de représentation des cotraitants…).

En vue d'accélérer les démarches de qualification RGE, il s'agit aussi de développer la formation continue aux enjeux de la performance énergétique "aujourd'hui indispensable", souligne le groupe de travail. Les rapporteures appellent à renforcer les outils pédagogiques. Elles recommandent au dispositif de formations Feebat dédiées aux économies d'énergie de se doter d'outils numériques de type MOOC (Massive Open Online Course) ou SPOC (Small Private Online Classes) destinés aux artisans et entreprises, mais aussi aux maîtres d'oeuvre et aux distributeurs. "Ces outils s'adressent, toujours à distance, à des communautés d'apprenants beaucoup plus larges et reposent sur un apprentissage participatif et des logiques collaboratives nouvelles". Ce type de MOOC ou SPOC "serait notamment bienvenu pour la formation au module de formation n°4 de Feebat, consacré à la mise en oeuvre de l'offre globale de rénovation énergétique", expliquent-elles.

Le groupe de travail estime "nécessaire" de créer une plateforme "unique" web, lieu de consultations de tous les acteurs de la filière, "de la maîtrise d'œuvre aux distributeurs, pour mieux travailler ensemble et accéder à des services dédiés". Ce lieu pourrait être hébergé par le site dédié à la campagne nationale "j'éco-rénove, j'économise" dans "une brique" intitulée "les professionnels", indique-t-il. Ce qui favoriserait la recherche de partenaires pour constituer un groupement, d'organisations professionnelles et de formations, ou encore de modèles de conventions de cotraitance…, estiment les rapporteures.