Préférez un Audit énergétique au DPE !

Dans une enquête parue il y a quelques jours, le magazine 60 millions de consommateurs épingle, une nouvelle fois, les diagnostiqueurs de performance énergétique, dénonçant la "piètre qualité" des DPE qu'ils réalisent. En 2009, une première étude avait en effet conclu à un constat comparable. Mais depuis, la réforme du DPE est entrée en vigueur (juin 2013), conduisant à améliorer le dispositif via des formations mieux adaptées, un agrément des logiciels de calculs ou encore l'intégration d'une fiche technique du bien… 

"Où est cette fiche technique, qui doit être obligatoirement annexée au DPE?", s'interroge Bruno Dumont Saint-Priest, délégué général de la Fédération Interprofessionnelle du Diagnostic Immobilier (Fidi). Il semble que 60 millions de consommateurs n'ait pas transmis ces annexes. "Les éléments qui participent à la transparence n'ont pas été utilisés par les enquêteurs", déplore-t-il. De même, "quid de l'expert dont les résultats servent de référence", ajoute-t-il. Un point qui fait aussi bondir la Chambre des Diagnostiqueurs immobiliers de la Fnaim : "Il n'existe pas de statut d'expert dans ce domaine au titre de la réglementation". En effet, "chaque logement a au préalable été soigneusement évalué par un expert", indique la revue. "Notre groupe de travail s'interroge que la qualité autoproclamée d'expert pour le référent de 60 millions de consommateurs (…)", martèle la CDI.

Compétence et outils remis en cause

60 millions de consommateurs a ainsi soumis cinq logements*, répartis dans plusieurs régions de France, à huit diagnostiqueurs. Résultats : disparités dans les prix, désaccord sur l'étiquette attribuée, recommandations irréalisables, professionnels qui ne se rendent pas aux rendez-vous… "Face à la persistance de telles carences, l'INC demande que de véritables compétences professionnelles soient exigées des diagnostiqueurs, et que leurs outils soient normalisées afin de garantir une interprétation homogène des données".

Au sujet de la compétence des professionnels, la Fidi est perplexe. "N'est-elle pas caduque alors que le consommateur se tourne bien souvent vers la solution du 'moins cher'. Le fait que, comme le rappelle 60 millions de consommateurs, le DPE est devenu un véritable critère de choix d'un logement et, à ce titre, a un impact sur la fixation de son prix, nous l'avons d'ores et déjà dénoncé en son temps. Reste que le plan de fiabilisation adopté il y a quelques années n'est toujours pas suffisant. La profession est relativement encadrée, certifiée et contrôlée. Mais ce sont des exigences qui ont pris le pas sur l'aspect commercial qui ne bénéficie pas aujourd'hui de moyens à la hauteur". De son côté, la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim ne nie pas les cas d'incompétence, "comme dans toute profession", et insiste sur la formation et l'information prodiguée aux professionnels dans le cadre de ses activités. 

Règles de base à respecter

Toutefois, les deux fédérations rejoignent l'avis du magazine de l'INC quant aux outils et méthodes utilisés. La Fidi dénonce ainsi l'utilisation de plusieurs logiciels, "source d'erreur potentielle", souligne Bruno Dumont Saint-Priest. "Aboutir à une seule méthode de calcul (méthode conventionnelle*) quel que soit l'âge du bien permettra de faciliter la compréhension du DPE", renchérit la Chambre des diagnostiqueurs de la Fnaim. 

"Encore une fois, c'est la crédibilité de la profession qui est pointée du doigt", se lamente Bruno Dumont Saint-Priest. Qui regrette, comme la Fnaim, qu'il n'y ait pas eu de concertation et de dialogue en amont de cette enquête. Conscients que la profession "peut mieux faire", les professionnels auraient souhaité que les règles de base du dispositif n'aient pas été oubliées…

Proposer une offre globale aux particuliers !

L'objectif gouvernemental de rénover 500.000 logements par an à l'horizon 2017 est réitéré dans le texte présenté le 18 juin dernier, alors qu'en 2013 seulement 160.000 logements ont été rénovés, 60.000 dans le privé et 100.000 dans le parc social. Les constructions performantes seront encouragées. Le texte introduit également une obligation d'améliorer la performance énergétique lors de travaux de rénovation lourds (ravalement de façade, réfection de toiture, aménagement de nouvelles pièces d'habitation). De même, les entreprises de qualité "Reconnus Grenelle de l'environnement" (RGE) devront endosser la responsabilité de la conformité des travaux dans le cadre de l'éco-conditionnalité des aides à la rénovation (éco-prêt à taux zéro (Eco-PTZ) en septembre 2014, crédit d'impôt développement durable (CIDD) en janvier 2015…).

"La réussite de ces enjeux de transition énergétique pour le secteur du bâtiment suppose que la filière du bâtiment et de l'immobilier soit structurée et en capacité de répondre à ces objectifs", indique le groupe de travail. "Au vu des défis que doit relever la filière construction, les acteurs de cette chaîne vont être amenés à davantage coopérer afin de mieux repenser leurs produits, leurs interventions et leurs modalités d'organisation", ajoute-t-il.

Il s'agit de développer la pratique des groupements d'entreprises, préconisent les rapporteures. Le leader du groupement aurait un "rôle déterminant dans la bonne marche de l'action collective" : véritable relais d'information entre l'entreprise, lamaîtrise d'oeuvre et le client, aide au calage des plannings, vérification de la cohérence des devis entre eux. Afin d'encourager la mise en place de groupements, elles proposent de capitaliser sur les expériences existantes dans les territoires à travers la mise en place d'un observatoire des bonnes pratiques.

Le groupe de travail recommande également de renforcer la reconnaissance RGE des groupements lancés, selon deux modèles. Soit sur le modèle de la qualification 8632 "Efficacité énergétique, offre globale" ducertificateur Qualibat s'il existe un référent technique (coopératives,…). Soit l'ensemble des entreprises adhérentes est RGE (groupement d'intérêt économique (GIE), associations, …). "Ces deux modèles sont encore peu connus et peu utilisés. Il conviendrait dans un premier temps de les promouvoir auprès des entreprises, des maîtres d'oeuvre et de la maîtrise d'ouvrage et dans un second temps de les évaluer afin de les améliorer", précisent les rapporteures. La qualification spécifique d'une entreprise adhérente (Qualibois, Pros de la Performance Energétique, Qualipac, Eco Artisan,…) d'un groupement permanent pourrait bénéficier au groupement. Ainsi, ce dernier pourrait être porteur de plusieurs qualifications RGE, comme c'est le cas pour une entreprise multi-qualifiée RGE, selon elles.

"Dans un contexte où il existe aujourd'hui une disparité de certificats attestant la conformité RGE", le groupe de travail appelle également à définir et mettre en place un "certificat numérique RGE harmonisé"permettant de rendre lisible par la maîtrise d'ouvrage et les prescripteurs "non familiers du monde du bâtiment" le contenu de la mention RGE "par une présentation de ses exigences qui soit commune" à toutes les marques de qualification et de certification (Eco Artisan, Les Pros de la performance énergétique, les qualifications mention efficacité énergétique : Qualibat, Qualifelec, Quali'EnR, Certibat).

Ce certificat numérique RGE devrait s'appuyer sur les données émises par les organismes de qualification qui le délivrent. Il indiquerait également les actions de performance énergétique auxquelles il se rattache. Cette démarche permettrait également de sécuriser le contenu de ce certificat "pour lui assurer toute sa crédibilité et éviter ainsi les fraudes et contrefaçons".

Reste à lever l'insécurité juridique liée à ces groupements et développer des outils numériques de formation. Il s'agit d'abord de prévoir un régime juridique "protecteur" en cas de contrats de cotraitance (exclusion de solidarité envers le maître de l'ouvrage,  mission du mandataire commun limitée à une mission de représentation des cotraitants…).

En vue d'accélérer les démarches de qualification RGE, il s'agit aussi de développer la formation continue aux enjeux de la performance énergétique "aujourd'hui indispensable", souligne le groupe de travail. Les rapporteures appellent à renforcer les outils pédagogiques. Elles recommandent au dispositif de formations Feebat dédiées aux économies d'énergie de se doter d'outils numériques de type MOOC (Massive Open Online Course) ou SPOC (Small Private Online Classes) destinés aux artisans et entreprises, mais aussi aux maîtres d'oeuvre et aux distributeurs. "Ces outils s'adressent, toujours à distance, à des communautés d'apprenants beaucoup plus larges et reposent sur un apprentissage participatif et des logiques collaboratives nouvelles". Ce type de MOOC ou SPOC "serait notamment bienvenu pour la formation au module de formation n°4 de Feebat, consacré à la mise en oeuvre de l'offre globale de rénovation énergétique", expliquent-elles.

Le groupe de travail estime "nécessaire" de créer une plateforme "unique" web, lieu de consultations de tous les acteurs de la filière, "de la maîtrise d'œuvre aux distributeurs, pour mieux travailler ensemble et accéder à des services dédiés". Ce lieu pourrait être hébergé par le site dédié à la campagne nationale "j'éco-rénove, j'économise" dans "une brique" intitulée "les professionnels", indique-t-il. Ce qui favoriserait la recherche de partenaires pour constituer un groupement, d'organisations professionnelles et de formations, ou encore de modèles de conventions de cotraitance…, estiment les rapporteures.

L’éco prêt à taux 0% est relancé !

C'était de l'avis de tous l'un des freins à la délivrance des éco-prêts à taux zéro (éco-PTZ) pour financer les travaux de rénovation énergétique des ménages. Jusque-là, les banques devaient assumer la responsabilité de la conformité des travaux, sans disposer forcément des compétences techniques pour le faire. De ce fait, elles se montraient frileuses pour délivrer les éco-PTZ.

Comme il l'avait annoncé dans le cadre de la mise en place prochaine de l'éco-conditionnalité des aides, le gouvernement a introduit dans le projet de loi des finances rectificatif, adopté le 1er juillet par l'Assemblée nationale, un amendement visant à organiser le transfert de cette responsabilité vers les entreprises de travaux qualifiées RGE. Le texte doit désormais être examiné par le Sénat.

Nouvelles responsabilités pour les entreprises

"Le Gouvernement (…) part du constat de l'inefficience de l'éco-PTZ, en raison du manque d'enthousiasme du secteur bancaire pour développer le produit, a expliqué le ministre du Budget, Christian Eckert lors des débats parlementaires. La raison en est facile à comprendre : la responsabilité de la banque peut être engagée lorsque les travaux ne remplissent pas les objectifs fixés pour la délivrance de cet éco-PTZ en matière d'économie d'énergie ou de rénovation intelligente du bâtiment".

Au plus tard au 1er janvier 2015, les entreprises devront adosser la responsabilité de la conformité des travaux aux objectifs affichés lors de l'accord du prêt. Des pénalités sont prévues en cas de non-respect des exigences. Ainsi, l'entreprise peut être redevable d'une amende égale à 10% du montant des travaux, dans la limite du montant du crédit d'impôt. Un décret en Conseil d'Etat doit fixer les modalités d'application de cette nouvelle mesure.

De même, l'Etat pourra exiger du bénéficiaire du crédit d'impôt le remboursement des sommes perçues, majorées jusqu'à 25%. Un décret en Conseil d'Etat devra définir les modalités de restitution du crédit d'impôt.

Les discussions sont toujours en cours sur le tiers-vérificateur

En revanche, deux amendements déposés par Charles de Courson "en lien avec la profession", visant à permettre aux entreprises de recourir à un tiers-vérificateur, ont finalement été retirés après discussion."La solution proposée est incomplète, car elle revient à transférer cette responsabilité vers les entreprises. Or, un problème va se poser : pensez-vous que des petites et moyennes entreprises puissent accepter d'endosser cette responsabilité et d'encourir le risque d'une amende ?", a expliqué le député de la Marne (UDI) lors des débats. Le recours facultatif à un tiers "moyennant une légère rémunération" permettrait, selon lui, aux entreprises ou aux banques, lorsque plusieurs entreprises interviennent pour les travaux, de transférer la responsabilité de certifier la conformité des travaux.

Le ministre du Budget a indiqué qu'il ne fallait "pas fermer la porte" à cette solution et que des discussions étaient en cours avec la profession. "Il y a eu, en effet, [le 23 juin], un premier contact entre les fédérations du bâtiment et le ministre des Finances Michel Sapin et la ministre de l'Environnement", a précisé Christian Eckert, ajoutant : "Sans doute conviendra-t-il de compléter le dispositif tel qu'il est prévu aujourd'hui". Mais le ministre a fait part de ses craintes d'une "généralisation de l'appel à un tiers vérificateur qui, comme vous l'avez envisagé, ne travaillera pas gratuitement. Les élus locaux eux-mêmes déplorent la multiplication de bureaux d'études, des contrôles, des tiers vérificateurs et autres compte tenu des contraintes financières et des lourdeurs que cela engendre".

Dans un rapport publié en octobre 2011 sur l'éco-conditionnalité, le Plan bâtiment durable estimait le coût de cette prestation entre 80€ et 150€, soit moins de 1% de l'enveloppe moyenne des travaux financés par l'Eco-PTZ. Il préconisait d'intégrer ce coût à l'enveloppe de l'éco-prêt "sans hausse du montant des plafonds actuels".

Un Passeport Rénovation Energétique pour votre logement !

Depuis plusieurs années, les mesures incitatives en faveur de la rénovation thermique des bâtiments (Crédit impôt développement durable, Eco-PTZ, Certificats d'économies d'énergie) n'ont pas véritablement réussi à enclencher une dynamique suffisante. "La politique publique, basée sur l'incitation, ne marche pas et ne déclenche pas la décision des ménages", constate Brice Mallié, le chef de projet "Rénovation énergétique" au sein du think-tank The Shift Project. Selon lui, la motivation des ménages à lancer des travaux dans leur maison ne proviendrait pas d'une volonté d'économie d'énergie (ou d'une conscience écologique) mais simplement d'un entretien nécessaire, d'une envie d'améliorer le confort ou d'un besoin de valoriser le patrimoine… La préconisation de travaux de rénovation thermique, en tant que tels, ne serait donc pas compréhensible par le grand public. Seules 10.000 rénovations BBC auraient lieu par an, ne permettant pas d'atteindre les objectifs fixés pour la France.

Un document attaché au logement
"Il faut réorienter la communication, puisque ces économies d'énergie ne sont pas décisives pour les ménages", poursuit Brice Mallié. Le think-tank qu'il coordonne propose donc d'inscrire les travaux dans la vie naturelle des logements en s'appuyant sur les interventions qui se déroulent systématiquement chaque année : entretien des toitures, réfection des façades, changement des systèmes de chauffage… "Le Passeport est une proposition formulée voilà plusieurs mois, qui repose sur l'idée d'embarquer la performance énergétique avec les travaux des ménages. Il a été annoncé par Jean-Marc Ayrault, mais avait peu de contenu derrière", explique le responsable du groupe de travail. "L'objectif est d'engager un dialogue entre les ménages et les acteurs de la profession. Le Passeport sera à la fois un outil d'accompagnement et d'aide au choix des travaux, un vecteur de transparence grâce au partage des informations, et un outil statistique servant de base de données qui donnera une idée plus précise de l'état du parc individuel", assure Brice Mallié.

Ce Passeport sera rattaché à un logement, sous la responsabilité du propriétaire. Il pourra servir aux interactions avec les locataires, diagnostiqueurs, artisans, syndicats de copropriété, énergéticiens, notaires ou autorités compétentes. "Il faut un cadre réglementaire pour un déploiement massif, comme l'audit thermique en 2017 pour le gros collectif", insiste le responsable du projet chez The Shift Project. Un déploiement expérimental du document sur le terrain pourrait être tenté dès la fin de l'année dans des collectivités pilotes, avec un déploiement national progressif à partir de 2017 pour les logements dont l'étiquette énergétique est la plus mauvaise (" 
Quelle place dans la loi de transition écologique ?
Concrètement, le passeport rénovation énergétique sera rempli à la suite d'un état des lieux et d'une visite technique de 3 heures, suivie d'un entretien avec les propriétaires afin d'évaluer les ressources disponibles et les projets de travaux souhaités. "Il consistera à définir la combinaison de travaux optimale avec un échéancier, un estimatif financier, et des projections de consommation et de gain de performance, avec des conseils adaptés", poursuit Brice Mallié pour qui les aides publiques devront être corrélées au niveau d'ambition du projet. Une position qu'évoquait déjà Alain Maugard (directeur de Qualibat) avec un permis à points pour la rénovation. Les bénéfices attendus sont d'ordre économique, avec une baisse de la consommation accrue (-115 TWh en 2050), une réduction des émissions de CO2 (-25 Mt), et des créations d'emplois (30.000 maintenus sur 15 ans). La relance de ces travaux de performance énergétique impacterait également favorablement la balance commerciale française avec 1 milliard d'euros de plus par an.

Outre cette dynamique, les promoteurs du projet estiment que le passeport servira à la réconciliation entre les partisans de la rénovation globale – efficace mais coûteuse – et les défenseurs de la rénovation par étapes – économique mais parfois peu cohérente. L'incorporation de ce document serait un enjeu fort de la prochaine loi de transition énergétique "mais pour l'instant, rien n'indique qu'il sera intégré", déclare Brice Mallié qui donne l'exemple de l'amélioration qualitative du parc automobile français suite à l'instauration du contrôle technique obligatoire. Reste une question : quels seront les professionnels chargés de réaliser les audits ? "La profession n'existe pas encore, mais la formation et la qualification de personnels déjà habilitées, au DPE par exemple, ne prendrait que cinq jours", conclut-il. Les acteurs du think-tank (bureau d'études, énergéticiens, industriels) invitent les professionnels du secteur à participer aux discussions afin d'élaborer le meilleur document possible et faire avancer la rénovation des 15 millions de maisons individuelles françaises.
 

Label Reconnu Grenelle Environnement, J-13 ?

Alors que les fédérations du secteur du bâtiment réclament à cor et à cri la parution des décrets pour l'entrée en vigueur de l'éco-conditionnalité au 1er juillet 2014, certaines filières semblent émettre quelques doutes sur la teneur des textes qui ont été présentés pour consultation.
Ainsi, l'Union des fabricants de menuiseries extérieures souhaite interpeller les pouvoirs publics sur la nécessité de simplifier l'accès à la mention RGE pour les entreprises du bâtiment. Elle estime en effet que ces dernières seraient moins de 10.000 sur 340.000, soit à peine 3% à être éligibles à ce jour. Elle demande donc que la mise en place de la mention RGE soit basée sur un niveau de qualité de prestation égal, que l'entreprise soit certifiée ou qualifiée. Soit une exigence équivalente lors des contrôles de l'entreprise candidate au RGE. 

Délai trop court
Elle propose aussi un report du calendrier, visant à fixer une échéance identique pour les dispositifs CIDD et Eco-PTZ au 1er janvier 2015. "Un délai d'application au 1er juillet pour l'Eco-PTZ ne nous semble pas raisonnable : comment nos professionnels peuvent-ils s'adapter à ces nouvelles conditions d'éligibilité en un délai aussi court (la parution des textes au JO ne pouvant intervenir avant la mi-juin) ? Cela sans compter les problèmes de saturation potentielle des organismes de qualification et de formation permettant l'accès à la mention RGE ?", s'interroge le Délégué général de l'UFME, Philippe Macquart. 


Le Syndicat pointe également du doigt le caractère incomplet de l'arrêté relatif aux critères de qualification pour le bénéfice du CIDD et de l'Eco-PTZ, pour une parution officielle au 1er juillet prochain. Enfin, il préconise le remplacement du terme "qualification" employé dans les différents textes (décrets et arrêtés), et recouvrant les notions de certification, qualification ou signe de qualité, par le terme "signe de qualité", afin d'être le plus ouvert possible. 





La "conception" relève du professionnel qu'est l'architecte
De son côté, l'Ordre des architectes, qui a également eu lecture des textes, s'interroge sur "la pertinence de la mise en place d'un système aussi complexe", faisant référence à l'application du CIDD et de l'Eco-PTZ. De quoi embrouiller les esprits tant des particuliers que des professionnels, selon lui…


Mais c'est surtout le terme de "conception" qui fait bondir les Architectes, présent notamment dans l'article 1er de l'arrêté relatif aux critères de qualification requis pour le bénéfice du CIDD et de l'Eco-PTZ. L'ordre demande ainsi la suppression du terme "conception" dans la phrase : "Les signes de qualité sont conformes à un référentiel commun qui porte notamment sur la reconnaissance des capacités professionnelles, techniques et financières de l'entreprise pour la conception et la réalisation de travaux". Argument : une charte n'a pas de valeur réglementaire, contrairement à un arrêté qui a pour objet de définir des critères de qualification précis. 



Qui pour évaluer la performance énergétique ?
Par ailleurs, il demande de modifier le 2e paragraphe de l'article 1er de l'annexe II qui met à la charge de l'entreprise qui réalise les travaux "la réalisation d'une évaluation de la performance énergétique après travaux attestant de l'amélioration visée". En cause ? "L'entreprise est-elle le bon interlocuteur pour réaliser cette évaluation ? Une auto-évaluation apportera-t-elle toutes les garanties à l'usager ?", questionne le Cnoa. Et de mettre en avant la récente et sulfureuse étude d'UFC-Que Choisir qui mettait en évidence les résultats décevants de la politique actuelle en matière de rénovation énergétique…


Reste à savoir ce qu'aura décidé le gouvernement quant à ces décrets en attente, si la date du 1er juillet est maintenue, et s'il aura tenu compte des revendications des acteurs de la filière…

UE : Vers une hausse des objectifs d’économies d’énergie

La cohérence entre la prochaine stratégie sur la sécurité énergétique de l'Union et les propositions relatives aux objectifs climatiques à l'horizon 2030 constitue le principal thème du document. L'efficacité énergétique fait partie des objectifs de ce document. Elle pourrait être bientôt formulée de façon formelle cet été lors de l'examen des progrès accomplis quant aux objectifs relatifs aux économies d'énergie à l'horizon 2020.
"Atteindre l'objectif d'efficacité énergétique de 20 % sera la première des priorités", indique le document consulté par EurActiv. En ce but, l'UE devrait adopter une stratégie "fondée en particulier sur une série de mesures qui comprend la mise en place d'outils informatiques qui permettent aux consommateurs de mieux contrôler [leur] consommation d'énergie, une rénovation accélérée des bâtiments énergivores, ainsi que des dispositifs concernant l'industrie et les systèmes de chauffage urbain".
La référence aux compteurs intelligents est claire. Actuellement, l'UE est de 3 à 4 % en dessous des taux fixés en matière de politique énergétique. Selon les informations glanées par EurActiv, les solutions envisagées pour combler le retard dans les objectifs à l'horizon 2020 sont les suivantes : une hausse des objectifs en matière de rénovation des bâtiments publics prévue dans la directive sur l'efficacité énergétique, et leur intégration dans la directive relative à la performance énergétique des bâtiments, qui est plus ambitieuse.
La question du financement des mesures sur l'efficacité énergétique sera débattue lors de la deuxième session du Conseil. Un représentant de l'Agence internationale de l'énergie entamera cette session avec une discussion sur la sécurité énergétique.
L'Europe est le premier importateur d'énergie au monde. Elle dépense chaque année 545 milliards d'euros pour sa consommation d'énergie. Environ 60 % de sa consommation en gaz et 80 % en pétrole proviennent d'ailleurs de l'étranger.
La Russie fournit environ un tiers des besoins en gaz de l'UE. Cependant, un programme ambitieux de rénovation des bâtiments réduirait drastiquement la demande européenne en gaz, selon diverses analyses réalisées par le Buildings Performance Institute Europe et la société de conseil Stefan Scheuer qui se sont fondées sur les données publiées par Eurostat.

Stratégie sur la sécurité énergétique
Selon les sources d'EurActiv, la stratégie envisagée en matière de sécurité énergétique par l'UE inclut probablement la diversification de ses voies d'approvisionnement afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie. Aussi, l'UE compte améliorer les installations de stockage d'énergie, intégrer les technologies d'inversion de flux et développer le réseau d'interconnexions en vue d'assouplir le système de transport gazier déjà en place sur le continent.
Des propositions pourraient être formulées en vue d'adapter le règlement sur les conditions d'accès aux réseaux de transport de gaz adopté en 2009. Une nouvelle directive plus précisément consacrée au stockage de gaz et à la sécurité d'approvisionnement serait également envisageable.
Selon Jasmin Battista, membre du cabinet de Günther Oettinger, commissaire en charge de l'énergie, il est de nouveau de bon ton d'évoquer des mesures pour promouvoir la consommation d'énergie issue de la biomasse, le recours aux chauffages urbains et aux pompes à chaleur.
Selon certaines sources, la fonctionnaire européenne aurait affirmé lors d'une réunion avec les acteurs de l'industrie plus tôt dans la semaine que les règles envisagées dans le développement durable prenant en compte le rejet de carbone engendré par la biomasse, serait reportées à après 2020 au plus tôt.
Un futur document sur les critères de durabilité de la biomasse devrait "conforter la certitude qu'aucune autre mesure n'est à prendre [dans le domaine]" aurait-elle affirmé. Pour la Pologne et le Royaume-Uni, la transition énergétique du charbon à la biomasse est intéressante en termes de coûts et de contraintes de temps.
Selon les informations d'EurActiv, les mesures en matière d'efficacité énergétique sont également considérées comme une option rapide et peu coûteuse en vue d'assurer la sécurité énergétique au vu du climat politique actuel. Au contraire du développement des énergies renouvelables qui soulèvent bien des oppositions parmi les États membres.
Les chiffres publiés le 13 mai montrent une très forte augmentation du nombre de rejet de projets de construction de parcs éoliens terrestre. De 25 à 29 % en moyenne les années précédentes, 41 % des projets ont été rejetés en 2013.
Les récents sondages montreraient cependant un large soutien parmi les 3 grands États membres (Allemagne, France, Royaume-Uni) en faveur de la mise en œuvre de nouvelles mesures en matière d'économie d'énergie. Même la Pologne n'a manifesté jusqu'à ce jour qu'une faible opposition.

En cas de crise
De source informée, la Commission envisage également d'introduire des mesures d'urgence en cas de crise en approvisionnement en gaz qui atteindrait son paroxysme durant l'hiver prochain. Parmi ces mesures, l'exécutif souhaiterait rénover rapidement les réseaux de chauffage urbain et les bâtiments résidentiels. Ces rénovations comprennent l'isolation et la mise en place de double vitrage, ce qui pourrait réduire rapidement la consommation d'énergie. Cependant, de telles mesures rendront toute rénovation de grande envergure plus onéreuse et difficile à mettre en œuvre sur le long terme.
Selon les informations d'EurActiv en provenance de la Commission européenne, l'Allemagne et d'autres États membres seraient particulièrement intéressés par l'objectif de 30 % en matière d'efficacité énergétique. Cet objectif pourrait être contraignant au niveau européen et être ajouté au paquet énergie-climat 2030 une fois le bilan des avancées relatives à l'efficacité énergétique dressé.
"Nous voulons un objectif contraignant en matière d'efficacité énergétique" a confirmé à EurActiv un diplomate européen. "Nous avons l'intuition que c'est un levier important en vue de garantir la sécurité d'approvisionnement de l'Europe. Néanmoins, nous n'avons pas encore déterminé si ce taux doit être à 30, 35 ou 40 %", a-t-il indiqué. Et de poursuivre : "La France et nous-mêmes aimerions voir le Conseil européen en juin prochain envoyer de premiers signaux à nos partenaires au niveau international dans la perspective du sommet avec Ban Ki Moon qui se tiendra en automne".
Selon lui, la Pologne y est opposée. Il a ajouté en conséquence : "Mais nous pensons qu'une étape intermédiaire serait plus réaliste et j'espère que ce point sera débattu par les ministres cette semaine".

Augmentation du prix des énergies fossiles !

A partir du 1er avril, la contribution climat énergie (CEE) a pris forme pour les ménages. La première énergie visée, le gaz naturel,est taxé à hauteur de 1,27 euro par MWh, et l'augmentation atteindra 2,64 €/MWh 2015 puis 4,01 euros en 2016.

Les prochaines énergies fossiles visées par la taxe en 2014 seront le fuel lourd et le charbon. En 2015, ce sera au tour des principaux produits énergétiques : super, gazole, fioul, gaz, etc.

A l'occasion de la présentation de son bilan 2013, l'Union française des industries pétrolières (UFIP) a notamment alerté sur l'augmentation "très significative" et "mécanique" des prix à la pompe entre 2013 et 2016.

Selon le Commissariat général au développement durable (CGDD), le surcoût moyen lié à la fiscalité carbone serait de 98 euros par ménage en 2016 (estimations basées sur les consommations d'énergie de 2005 (2007 pour les carburants)).

Le Comité pour la fiscalité écologique (CFE) s'est par ailleurs penché sur les mesures de compensation à mettre en œuvre pour soutenir les ménages.

La contribution climat énergie pourrait rapporter 340 millions d'euros à l'Etat cette année, puis 2,5 milliards d'euros en 2015 et enfin 4 milliards en 2016.  Il est alors prévu que 3 milliards soient redistribués aux entreprises dans le cadre du crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) et que 700 millions d'euros soient utilisés pour financer la réduction du taux de TVA applicable aux travaux de rénovation énergétique des logements. 300 millions resteraient pour financer les mesures de compensation destinées aux ménages. Lire l'article complet. 

Rénovation des logements : Lancement phase 2 !

Les Ministres Cécile Duflot et Philippe Martin ont présenté hier un bilan du plan de rénovation énergétique de l'habitat, lancé en mars 2013. Ce plan vise à rénover 500.000 logements par an d'ici 2017 et atteindre une diminution de 38% des consommations d'énergie dans le bâtiment d'ici à 2020.

Un an après la mise en œuvre du plan, plus de 1,2 milliard d'euros d'aides, fiscales ou budgétaires,"réorientées vers les ménages les plus modestes", sont désormais à la disposition des particuliers. Le principal résultat "tangible" est le rythme des projets de rénovation par les ménages modestes, "multiplié par 5" après le renforcement des subventions et de la prime de l'Agence nationale de l'habitat (Anah), ont rappelé les ministres. Depuis le 1er janvier 2014, les copropriétés qui souhaitent rénover leur patrimoine peuvent désormais bénéficier d'un prêt collectif à taux zéro. Un réseau de 450 Points rénovation info service (PRIS) a également été constitué, ont-ils ajouté. Le nombre des professionnels "Reconnus garants de l'environnement" (RGE) "a augmenté de près de 50%, alors qu'il stagnait depuis deux ans", ont souligné les ministres. En contrepartie, le gouvernement a abaissé le taux de TVA pour les travaux de rénovation énergétique à 5,5% depuis le 1er janvier 2014, y compris pour les travaux induits, et a prolongé le dispositif de formation à l'efficacité énergétique FEE-Bat jusqu'en 2017.

Le gouvernement lance désormais "une deuxième phase de déploiement" de la rénovation énergétique. Il s'agit d'abord, en matière de financement, de proposer de nouveaux outils qui permettront aux ménages"d'emprunter à des taux plus bas et sur des périodes plus longues afin de rénover leur logement", ont annoncé les ministres. Ensuite, pour "rehausser les exigences qualitatives" de rénovation du parc privé et guider les ménages vers des travaux permettant à terme d'atteindre le niveau bâtiment basse consommation (BBC), des passeports de la rénovation énergétique seront "mis en place".

En complément des mesures d'incitation financière, "des obligations raisonnées" de rénovation à l'occasion de travaux sur un bâtiment seront discutées dans le cadre du projet de loi de transition énergétique. En 2014, la rénovation énergétique des bâtiments "doit devenir la norme, elle ne doit plus être une option", avait déclaré en février Cécile Duflot, à la clôture des rencontres organisées par l'association Effinergie. La définition du tiers-financement et les mesures de lutte contre l'étalement urbain "d'ores et déjà prises" dans la loi pour l'accès au logement et un urbanisme rénové (Alur) "contribuent à diminuer les consommations d'énergie à l'échelle des territoires", a souligné Mme Duflot.

Rénovation : Plaidoyer pour une obligation règlementaire !

"Si nous partageons les idées de la création du guichet unique et d'un fond d'aide à la rénovation thermique, nous préconisons que les politiques d'incitation et de soutien, dont l'efficacité est aujourd'hui largement remise en cause (notamment par la Cour des comptes), s'articulent et se structurent autour d'un signal règlementaire", déclare the Shift project dans un communiqué.

Le think tank, créé en 2010 par Jean-Marc Jancovici, regrette que, malgré la prise de position récente de la ministre du Logement en faveur d'une obligation de rénovation, la lettre de cadrage adressée à Cécile Duflot par le Premier ministre n'en fasse pas état. Le think tank a préconisé à plusieurs reprises, dans desnotes au gouvernement ou un rapport, la mise en place d'un signal réglementaire pour lancer la rénovation thermique de façon échéancée dans le temps selon les catégories de logement.

"Les enjeux de la rénovation thermique dans le secteur du bâtiment sont tels que pour espérer atteindre les objectifs élevés et respecter les engagements que la France s'est fixée, elle doit envisager une politique bien plus ambitieuse en instaurant un signal règlementaire ou une « norme »", estime le groupe de réflexion, ajoutant : "Dès lors, les aides au financement, aujourd'hui incitatives, seront à terme perçues comme un moyen de dédommager les propriétaires de cette obligation et de son coût".

Une telle obligation permettrait, selon le think thank, de créer 30.000 emplois pérennes sur cinquante ans dans la rénovation énergétique et de réduire de 50% la consommation d'énergie dans le bâtiment.

Lien vers le site du "Shift Project"

La pression monte sur l’obligation de travaux !

« Sortir du mythe de la rentabilité immédiate des travaux ! »

Certes, le gouvernement s’est retroussé les manches : d’une part, il a mis en place le guichet unique national et le réseau des « Points rénovation info service » (Pris) et, d’autre part, l’Ademe s’emploie à dynamiser le marché – offre et demande – via la campagne « J’éco-rénove J’économise ». Ceci en vue de la mise en place, rappelons-le, de l’éco-conditionnalité des aides au 1er juillet prochain. Parmi les premiers retours d’expérience, les conseillers des Pris constatent que les ménages aimeraient souvent – par choix ou par contrainte budgétaire – étaler les travaux dans le temps.

Une réalité qui plaiderait en faveur d’une « mise à niveau » progressive de l’habitat, sur une période suffisamment longue pour être financièrement supportable. L’idée fait son chemin, même si très peu d’acteurs du bâtiment souhaitent pour l’heure s’exprimer publiquement. La prudence est de mise tant que Cécile Duflot n’aura pas communiqué sur les conclusions des quatre groupes de travail d’ « Objectif 500 000 ».

Mais en arrière-plan, les consultations vont bon train. Ainsi, les équipes de « The Shift Project », think tank pour la transition carbone créé en 2010 par Jean-Marc Jancovici (1), ont élaboré il y a quelque mois un scénario d’amélioration progressive du parc résidentiel sur trente-cinq ans (à horizon 2050, baptisé « scénario TSP »), jalonné de rendez-vous réguliers pour amener l’ensemble du parc au niveau C ou B du DPE actuel.

« Ce programme vise à structurer le marché de la performance énergétique sur le long terme », explique Brice Mallié, qui a coordonné les recherches. « Il ne s’agit pas de contraindre brutalement. Il s’agit de concevoir un dispositif équilibré, opérationnel rapidement, à budget constant pour les finances publiques, sans perturbation des marchés de l’énergie avec une égalité de traitement entre les différents types de logement. Il faut sortir du mythe de la rentabilité économique immédiate de la réhabilitation énergétique. »

A la suite de ces travaux, le ministère du Logement et celui de l’Economie ont demandé aux mêmes spécialistes d’approfondir le sujet : d’une part, en réalisant le bilan économique pour la collectivité du scénario à 2050 et, d’autre part, en analysant huit situations de rénovation énergétique représentatives des logements et ménages dans le parc existant de maisons individuelles (3 cas réels et 5 simulations). Parmi les indicateurs marquants du scénario du Shift Project, on retiendra par exemple une économie globale de 115 TWh d’énergie finale en 2050 par rapport à 2010 (contre 75 TWh dans le scénario de référence) ou encore une baisse significative du taux de ménages devant recourir à des restrictions de chauffage pour des raisons budgétaires : de 23 % en 2010, on passerait à 29 % dans le scénario de référence, tandis que l’on descendrait à 1 % dans le scénario TSP ! Lire la suite de l'article